Ressources

Interviews

“Nous avons renommé le département, parce qu'on s'intéresse à plus que de simples “ressources” humaines” - Le cas Tenergie !

Publié le

21

February

2024

Publié le

21

February

2024

Glwadys CHAZAL, DRH chez Tenergie

Bienvenue sur notre blog Glwadys ! Peux-tu nous présenter ton entreprise et ton parcours ?

Merci Olivier ! Je suis Glwadys Chazal, récemment nommée directrice des relations humaines chez Tenergie. Nous avons renommé le département, parce qu'on s'intéresse à plus que de simples “ressources” ; les relations interpersonnelles sont essentielles pour nous. 

Tenergie est un producteur indépendant d'énergie renouvelable fondé en 2008. L’équipe regroupe maintenant près de 250 collaborateurs répartis sur cinq agences en France. Je dirige une équipe de six personnes et suis présente dans l'entreprise depuis 2018, où j'ai constitué le premier service RH.

C'est génial, et je ressens ta fierté en parlant de relations humaines. Quelle est ta vision du binôme idéal entre un DRH et un CEO ?

Pour moi, le binôme idéal repose sur la compréhension mutuelle des besoins. Le DRH doit être un business partner, comprendre les différentes activités de l'entreprise, y compris les aspects financiers, pour adapter ses recommandations au CEO. En parallèle, le CEO doit saisir les enjeux légaux et être proactif en matière de RH, afin de ne pasattendre passivement les actions à mettre en place.

Quelle est ta vision du recrutement et des RH ? Sont-ils la même chose pour toi ?

Non, ce n’est pas la même chose. Le recrutement consiste à comprendre une personne externe et à lui vendre l'entreprise. Il s'agit d'un jeu de vente mutuel avec le candidat. En revanche, les relations humaines en entreprise visent à promouvoir la culture d'entreprise auprès des collaborateurs internes qui doivent l'incarner au quotidien. Les objectifs pour mon équipe de recrutement et mon équipe de relations humaines sont donc différents.

Penses-tu que le recrutement pourrait être une direction à part entière ?

Oui, cela pourrait être le cas. Chez Tenergie, la direction des relations humaines fait partie du COMEX, ce qui me permet d'avoir une vision globale des enjeux de recrutement. Cela aide également Mariam de mon équipe à anticiper les besoins de recrutement, puisque nous embauchons entre 60 et 80 personnes par an. Cependant, il n'est pas possible d'avoir un COMEX démesurément étendu pour couvrir toutes les fonctions.

La direction générale a-t-elle toujours eu cette culture orientée vers les personnes ?

Oui, cette culture était déjà incarnée par mon président. Il est très axé sur les relations humaines. Même son ancien binôme DG/DGA partageait cette vision. Aujourd'hui, il défend, si nécessaire, une approche cas par cas pour accompagner les collaborateurs, en tenant compte de l'impact de la vie personnelle sur la vie professionnelle.Et, ceci est aujourd’hui encore soutenu avec notre Directeur Général qui soutient parfaitement cette démarche.

Qu'est-ce qui t'a donné goût aux relations humaines ?

Ma base est le droit du travail. J'ai commencé dans des cabinets d'avocats et réalisé des stages en RH, mais je ne me voyais pas rester enfermée dans un bureau à traiter des dossiers juridiques complexes. J'étais attirée par le contact humain, par l'envie d’accompagner les désaccord avant quedes conflits ne surviennent. C'est pour cela que j'ai suivi un master en RH, qui m'a menée à une alternance chez Tenergie. Là, j'ai vraiment pu explorer le terrain et appliquer mes compétences relationnelles au sein de l'entreprise.

Qu’aimerais-tu dire à un candidat qui se questionne sur le monde de l'énergie renouvelable ?

Ce secteur est constamment en mouvement, ce qui le rend idéal pour quelqu'un de très curieux. Il est toujours influencé par le contexte réglementaire, ce qui permet de rester informé et à jour. Les énergies renouvelables, en particulier, sont fascinantes car elles évoluent rapidement. C'est également un domaine lié à la préservation de l'environnement, mais aussi à celle de l'humain qui fait partie de cet environnement. Les entreprises du secteur des énergies renouvelables ont généralement une forte culture de bienveillance et se concentrent sur la préservation, pas seulement de l'environnement, mais aussi des personnes qui y travaillent. Cela crée un environnement de travail où les valeurs humaines sont aussi importantes que les objectifs business.

Comment vois-tu l'évolution du métier de recruteur ou de talent acquisition manager ?

À mon avis, dans les prochaines années, le sourcing tel que nous le connaissons sera remplacé par l'IA, qui présélectionnera les candidats sur la base de critères définis. Cependant, l'aspect psychologique et l'analyse sociale resteront irremplaçables par les machines. Le rôle du recruteur sera de s'assurer que les personnalités se rencontrent et puissent construire ensemble au sein de l'entreprise.

Je pense également que le métier évoluera vers celui d'un agent de talent, à la fois externe et interne à l'entreprise, similaire à ce qu'on voit dans le sport ou le cinéma. Ces agents travailleront en étroite collaboration pour aider les talents à grandir, à se développer, et à gérer leur carrière. Quels sont les aspects les plus difficiles de ton travail ?

Le plus difficile est parfois de gérer les situations où certains managers ne prennent pas en main des sujets importants, ce qui nécessite un travail de fond avec les collaborateurs et les managers. Un autre défi est le comportement des candidats, qui deviennent de plus en plus exigeants et dont les attentes sont parfois déconnectées de la réalité du marché. Je dois aussi gérer l'urgence de certaines thématiques, comme la paie et les aspects légaux, qui peuvent être complexes et difficilement conciliables avec l’urgence de l’entreprise.

Quel message aimerais-tu adresser à ceux qui arrivent sur le marché du travail dans la fonction RH ? Quel conseil leur donnerais-tu pour réussir une carrière dans les relations humaines ?

Je leur dirais d'être pugnaces, résilients et de se positionner comme des business partners. Il est essentiel de ne pas subir la fonction RH, mais d'être proactif pour se rapprocher du business. Sans cette proactivité, il est difficile d'avoir l'impact souhaité dans son rôle support essentiel à l’entreprise.

Penses-tu qu'il y a une voie privilégiée à prendre pour réussir dans les RH, entre le droit et les écoles de commerce ?

Personnellement, je pense que le droit est essentiel car cela m'a aidé à structurer toutes les RH sur une base légale, et cela développe aussi un esprit de recherche et de remise en question. Cependant, dans mon équipe, il y a des personnes issues d’écoles spécialiséesRH, comme SUP-DRH à Paris, qui couvre tous les aspects des RH avec une approche pratique. Je recommande un parcours mixte en droit et en RH, car cela est fondamental dans la vie quotidienne des RH.

Y a-t-il une question que tu aurais aimé que je te pose avant de conclure ?

Peut-être aurais-je aimé parler de ce que je demande à mes équipes au quotidien. Ma réponse serait que les RH se vivent sur le terrain. Le télétravail est utile pour les tâches de rédaction ou pour s'isoler sur certains sujets, mais il devrait être ponctuel. Les RH doivent être au plus près des métiers sur place pour vraiment comprendre l'aspect humain au quotidien et cerner la compatibilité de chacune des personnalités.


Un grand merci pour ton temps et ton partage Glwadys !

`